Copain de bistrot...

Publié le par Gillou

Copain de bistrot...

           J'apprends qu'un camarade croisé dans les couloirs d'une feuille régionale où je me commettais, vient d'être emporter par la camarde... Il se promenait dans la vie provinciale hors des sommiers battus, des soupers cravateux boudinés ou de sobres paons accoudés aux cheminées de leur manoir héréditaire, un verre en main et l'autre dans le nez, pérorent, emphatiques, et jettent au canapé les gaudrioles aseptisées de leur humour carabiné. Il n'était pourtant pas révolutionnaire, il assumait son état de bourgeois et ses costumes Hugo Boss avec courage et sérénité...

          C'était un vrai journaliste. Un ouvrier du fait divers. Il racontait la vie avec un goût du verbe, un respect de la langue, un souci du vécu, une minutie dans le fignolage des portraits humains qui faisaient de ses articles autant de merveilles artisanales. A chaque passage devant la salle de rédaction, il soutenait au quotidien le beau regard suintant d'imbécilité de la secrétaire (bientôt perpétuelle...) qui depuis vingt ans écorchait son nom en lui faisant des compliments sur ses articles, mais l'indicible vulgarité de son sourire de césarienne en disaient assez sur l'indigence de ses propos.Il renâclait à l'ennui convenu, à l'étouffement des bienséances... et il m'entrainait pour se libérer de ce carcan, au bistrot d'en face.

           Le bistrot, c'était sa tente à oxygène, ses pantoufles, son valium, son île, sa maîtresse, son feu de bois,son église, son pouf,son terrier, son nid, et le dernier quart d'heure de la récré avant la reprise de la descente aux petits enfers de la médiocrité quotidienne.

         Je bois donc à la justesse de ce raisonnement en éclusant cul sec l'impossible brouet... Tu me manques déjà... le petit blanc à un goût d'amertume ! Salut bien...

Publié dans Humeur

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article