En février, c'est le moment de s'évader... (1er épisode)

Publié le par les-maux-pour-le-dire.over-blog.com

En février, c'est le moment de s'évader... (1er épisode)

Février et ses grands froids, sa neige et son verglas, et le givre qui ne cède pas... C'est l'hiver. Les bobos refrigérés s'apprêtent à la migration. Espèce particulière et spécieuse, largement représentée à Paris, qui a cependant des spécimens de plus en plus nombreux dans les grandes villes de province, et plus rarement dans nos campagnes reculées...


Espèce très urbaine donc, à l'aise, souvent nantie, matelassée d'emplois qualifiés et stables, cultivés et bardés de livres sérieux sur les pays pauvres où ils ne vont pas – à la différence des oiseaux migrateurs – chercher la nouritture abondante, mais le soleil, toujours le soleil.... histoire de rompre avec la grisaille ambiante sur fonds de crise.


La migration se fait généralement en groupe, comme les oiseaux, se guidant aux étoiles, compétence qu'ils partagent avec les oies et les grives, et d'autres galinacés qui peuplent nos basses-cours.

 

Rarement solitaire, le bobo est en couple, ou en bande. Il se distingue de la cohorte populacière moyenne : individu chenu, tête grise et face lunettée -à la façon des hiboux- pattes courtes et solides, plumage soigné (plus coloré chez les femelles, mais sans ostentation, on n'est pas chez les paons) avec toujours une petite touche « négligée soft », duffel coat et écharpe flottante au vent mauvais, en laissant entrevoir la petite étiquette qui griffe l'accessoire indispensable...


Couvrant d'une seule traite la distance (5 heures de vol) et se rapprochant par là des oiseaux migrateurs les plus résistants, les bobos se restaurent en route alors que les migrateurs, eux, se bardent de graisse, pour stocker ce qu'il faut d'énergie. Mais, jacassements et pépiements aidant, l'appétit se décuple au passage des plateaux, avant que se referme la nuit étoilée au dessus du Sahara.


Notre cohorte migrante fait route vers le Sud du Mali, vers les falaises dogons, le long du fleuve Niger où les attend une fière ethnie... Les bozos... En afrique, le bobo adapte son plumage, tendant à résister à la chaleur : short kaki, gilet multipoche mastic, bob blanc vissé sur le sommet du crâne, et accessoire indispensable et quasi obligatoire sous cette lattitude : l'appareil photo ou caméra, signal de reconnaissance invariable des gens du Nord de la planête, le portable quant à lui étant peu représenté ici. (pas de reseau, le plus souvent)


Peu agressif avec ses congénères africains, le bobo est au contraire d'un naturel curieux. Son regard est franchement ahuri et a du mal à cacher son étonnement devant les couleurs et les formes des masques : le sens des maquillages (ces femmes peules et leur tatouage autour de la bouche) les rend perplexes. Le regard se durcit parfois, réprobateur et un brin prêt à la gaudriole : « tu dis que ces femmes bozos, à la poitrine nue, signalent ainsi qu’elles sont libres ! Non, mais tu entends ! Nicole ! »

 

 


 

Publié dans Humeur

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